La pirogue traditionnelle des Polynésiens, comme celles de la majorité des peuples océaniens, était constituée d’un tronc creusé auquel était attaché un balancier que l’on maintenait au vent. Ces pirogues utilisaient la voile ou la pagaie, mais leur petite taille les réservait principalement à la pêche et au cabotage.
Comme les Maoris, les Tahitiens sculptaient de remarquables figures d’arrière qui pouvaient s’élever jusqu’à huit mètres de hauteur, si l’on en juge par les illustrations de Hodges. Au cours d’une bataille navale, les guerriers sautaient d’une pirogue à l’autre pour combattre au corps à corps sur les plates-formes surélevées. Les voiles étaient utilisées, fixes et verticales, ce qui obligeait à tirer des bords pour changer de direction. Les habitants des Tuamotu utilisaient une voile latine qui pouvait être manœuvrée comme les voiles micronésiennes, et ce perfectionnement fut, peut-être, d’invention purement locale. Une bonne pirogue double représentait, sans doute, un atout de poids dans la bataille. Encore fallait-il naviguer sans compas ni sextant, et cette question de la compétence des Polynésiens en matière de navigation a soulevé des discussions véhémentes.
Il y avait auparavant un rituel spécifique lorsqu’on voulait construire une pirogue, des étapes devaient être respectées ! Sans quoi, la construction ne pouvait même pas commencer.
Haere nā roto i te fa’a : Aller dans la vallée
Mā’iti i te tumu : Choisir le tronc
Ani i te fatu fenua : Demander au propriétaire
Ta’u i te atua Tāne : Adresser une prière au dieu de la nature Tane
’Ota i te tumu : Abattre l’arbre
Fa’ahi’a i te tumu : Faire tomber l’arbre
Tarai i te va’a : Tailler la forme de la pirogue
Huti i te tumu i tahatai : Tirer le tronc en bord de mer
Tāmaumau i te mau ’īato ’e te ama : Pose des traverses et du balancier
Fa’ati’a i te tira : Dresser le mât
Mā’iri i te i’oa va’a : Nommer la pirogue
’Āvarira’a va’a : Inauguration de la pirogue
Ha’amaita’ira’a va’a : Bénédiction de la pirogue (avec de l’eau de coco)
Comme pour tout travail, il existe un jargon bien défini pour la construction et surtout pour la construction de pirogues dont voici les exemples.
Fa’a : Vallée, vallon
Uta : Intérieur des terres
To’i : Herminette
Taura nape : Corde en fibre de coco
Nape : Fibre de coco
Hou : Vilebrequin
Tāpau ’uru : Sève de l’arbre à pain (Servait de colle)
Ha’amoremore : Outil à poncer (Coquillage, os, pierre)
Hiohio : Drisse (Cordage pour hisser la voile)
Tahu’a va’a : Spécialiste de la construction de pirogue
Feiā tarai : Les tailleurs de pirogue
Titi : Le foc
Pure : Prier
Tarai : Tailler
Tāpū, ’ota : Couper
Tā’ai, tā’amu : Attacher
Ha’amoremore : Poncer
Nape : Tresser
Tīto’o i te titi : Border le foc
’Āpepe, tīfai i te ’ie : Rapiécer la voile
Fa’atū’ati : Lier les pirogues (Pirogues doubles)
Tāpona, tīpona : Faire des noeuds
Fa’a’una’una, fa’anehenehe : Décorer
Fa’ati’a i te tira : Dresser le mât
Tāmau i te ’ie : Gréer la voile
Pū’oi i te ’apa rā’au : Lier les planches de bois
Ma’irira’a i’oa : Nommer
’Ota i te hō’ē tumu : Abattre un arbre
Tumu ’uru : Arbre à pain (Corps de la pirogue)
Tumu mara : Neonauclea forsteri (Corps de la pirogue)
Tumu pūrau : Hibiscus tiliaceus (Balancier, traverse)
Tumu ’aito : L’arbre de fer (Liaisons balancier-traverse)
Voyons les types de va’a visibles au fenua. Selon leur forme, leur taille et leur poids, chaque embarcation a une utilité particulière, de plus, les différences de formes renseignent souvent sur la provenance de celles-ci. Les termes les plus utilisés pour traduire bateau ou embarcation sont pahī et poti avec le dernier qui est inspiré de l’anglais boat.
Te va’a : La pirogue (Utilisée pour la pêche lagonaire ou les courses)
Te va’a tā’ie : La pirogue à voile
Te va’a tau’ati / taupiti : La pirogue double (Utilisée pour les voyages pour sa stabilité et sa vitesse)
Te va’a tautoru : La pirogue triple (1 coque ; 2 balanciers)
To’o : Perche
Hoe : Rame
Hoe pēperu : Gouvernail (rame)
’Ie : Voile
Ama : Balancier
’Īato : Traverse
Tira rahi : Grand mât
Taura nape : Liens en fibre de coco
Tahua : Pont
Ta’ere : Partie la plus basse de la pirogue
Rei mua : Proue
Rei muri : Poupe
Tino va’a : Corps de la pirogue
Pa’epa’e : Plateforme de liaison
Hoe : Ramer
To’o : Pousser l’embarcation à l’aide d’une perche
Huti i te ’ie : Border la voile
Paina : Diriger
Pine : Accélérer
Huti i te hiohio : Hisser la voile
Fa’ahe’e : Surfer
Fe’ai i te vāve’a : Lutter contre la houle
Fa’aū i te mata’i : Remonter le vent
Tīoi, nīoi : Changer de direction, faire demi-tour
Tāpe’a : S’arrêter
’Ei va’a tau’ati nō te fe’ai i te pūai o te tai.
Seule une pirogue double peut affronter la force de la mer.
E tāpiri i nā tino va’a e piti, e tāmau i te pa’epa’e ’e ha’amau i te tū’ati.
Réunissez les 2 corps de pirogues, installez la plateforme et fixez le tout.
E paina vau i tō tātou va’a : ’a huti i te hiohio, ’a tīto’o i te titi.
Je vais diriger notre pirogue: Hissez la voile et bordez-la.